Ménopause joyeuse – Redécouvrir sa puissance féminine

 

Un passage dénigré à tort

La ménopause est souvent dénigrée et par conséquent vécue péniblement, voire parfois douloureusement.

Le contexte sociétal influe sur les symptômes susceptibles d’apparaître ; la relation entre symptomatologie et statut des femmes a été établie par plusieurs chercheurs. Les plaintes des femmes sont majorées chez les femmes appartenant à une culture centrée sur la jeunesse.

 

Quand le regard culturel transforme l’expérience

Pour les Chinoises et les Indiennes, la fin des années fertiles leur donne un nouveau statut social : leur sagesse et leur maturité leur sont désormais reconnues. Elles ne se plaignent pas de symptômes de ménopause.

Dans d’autres sociétés, après 30 ans, les femmes sont considérées comme des fleurs fanées, déjà vieilles, mais toujours utiles car elles peuvent encore enfanter. La ménopause chez elles, résonne comme une amputation du dernier lien les rattachant à la féminité, comme si la féminité était synonyme de jeunesse et de maternité ! Les trois quarts de ces femmes, interrogées dans une étude, se plaignent de bouffées de chaleur et d’autres symptômes, et expriment le désir de suivre un traitement hormonal de substitution.

 

Le poids des stéréotypes

Une vision réductrice de la féminité est même instrumentalisée. Voici comment la littérature médicale des années 70 parle de la ménopause :

  • Ayant épuisé leurs ovaires, elles ont épuisé leur utilité en tant qu’être humain.
  • Quand les œstrogènes disparaissent, la femme tend à devenir comme un homme.
  • L’augmentation de la pilosité faciale, la voix plus grave, l’obésité, l’atrophie des seins et des organes génitaux contribuent à lui donner une apparence masculine.
  • Pas vraiment homme, mais pas non plus femme fonctionnelle, ces individus vivent dans un monde d’intersexe.

Cela pourrait prêter à rire tant ces propos sont ridicules. Mais hélas, ils sont aussi bien le reflet que l’origine de monstrueux stéréotypes sur les femmes et qui continuent à saper inconsciemment leur estime.

Savez-vous qu’à partir de la cinquantaine, le cachet des actrices diminue alors que celui des acteurs augmente, et on peut observer que les femmes ménopausées sont sous-représentées aussi bien au cinéma que dans les médias.

Alors que l’homme ne vieillit pas, mais se virilise de plus en plus (sic), la femme vieillissante est dévalorisée.

 

Repenser la ménopause : une nouvelle phase de vie

Mais au fond c’est quoi la ménopause ? Une maladie, comme la médecine l’a longtemps prétendu ou juste un passage, pas toujours facile certes, mais porteur de changements heureux ? Ne se pourrait-il pas que cette étape nous amène à revoir nos priorités, nos aspirations afin de donner un nouvel élan à notre existence ?

Alors que dans certains cabinets médicaux, on nous présente la ménopause comme une décrépitude assurée si on ne suit pas un traitement hormonal, la naturopathie accompagne les femmes dans cette étape de vie avec ses outils habituels pour renforcer leur terrain respectif, soulager les symptômes présents et prévenir des maladies, car oui, la ménopause peut être fragilisante. Mais n’oublions pas toutefois que pour la majorité des femmes, la ménopause est fluide et sans symptôme.

Lorsqu’elle est bien vécue, la ménopause dure environ 2 ans et permet de s’ouvrir à une nouvelle dimension de sa vie.

 

Le pouvoir du collectif féminin

La compagnie d’autres femmes dans la même situation est rassurante, sécurisante. Elle aide à relativiser, à se sentir moins seule, à dédramatiser les vécus difficiles et les pertes, à tordre le cou des préjugés et traverser le deuil de la jeunesse fantasmée pour trouver finalement une seconde jeunesse. La présence des autres femmes aide à tourner la page sur laquelle on se complaît parfois par peur de l’inconnu.

On peut dire aussi que la ménopause est une crise et comme toute crise, elle a le potentiel de destruction ou d’ouverture vers de nouvelles perspectives afin de retrouver son pouvoir sur sa vie, sur la vie.

 

De la crise personnelle à la transformation collective

À l’instar des femmes en période de ménopause, le monde traverse une crise, gravissime celle-là car il ne s’agit rien de moins que de la survie de la planète !

En prenant soin de nos crises personnelles intérieures, en nous reliant à nos semblables et en élargissant notre vision, nous prenons soin aussi de la crise qui se déroule à l’échelle collective.

Ce sont sans aucun doute les femmes qui portent en elles les remèdes pour guérir la terre de son cancer, de sa folie. Ce sont les femmes, largement écartées des décisions politiques depuis des siècles, qui sont à même d’empêcher qu’une catastrophe irréparable soit commise par la folie destructrice d’un patriarcat doublé d’un néolibéralisme débridé. Pour cela, elles doivent retrouver leur confiance en elles et se relier à leurs valeurs spirituelles, quelles qu’elles soient. Il est urgent d’agir pour la paix et la sauvegarde du vivant.

 

Les fées des temps modernes

Les femmes ménopausées qui ont su prendre soin d’elles et des plus faibles, libérées des contraintes, cheminant vers la lumière, cultivant les graines d’éveil, filles de sorcières bienveillantes rescapées des maltraitances et des bannissements subis tout au long des siècles sont les fées des temps modernes capables de sauver le monde de la menace autodestructrice qui plane sur lui.

Par conséquent, ce groupe de parole est aussi indirectement une réunion citoyenne. Puisque le contexte sociétal influe sur nos symptômes, et que nos symptômes sont le reflet des symptômes de ce monde à l’agonie, agir sur les préjugés est déjà une action citoyenne. Puisque l’humanité, la nature et la planète sont en danger, puisque nous sommes en interrelation avec tous les êtres vivants et le monde dans lequel on évolue, en nous réunissant pour prendre soin de nos souffrances et partager nos expériences, nous créons un vortex d’énergies féminines protectrices et pacifiques, la puissance invincible des femmes, pour citer M. Chollet.